La République des Pères Noël

Le temps d’envoyer cette chronique au magazine, dʼimprimer ce magazine, de le confier au diffuseur de presse, qui le portera au kiosque, qui vous le vendra et ils seront là, de retour ! Qui ça ? Les bonnets rouges pardi ! Pas ceux de la grogne bretonne mon gars, pas le petit millier de phrygiens à cocarde jacobine qui font trembler le premier gouvernement de la république venu, non ! Ceux du barnum décembriste alsacien ! Pas de danger quʼils révolutionnent quoi que ce soit ceux là… Deux trois vins chauds dans le nez et dégagez… Que ça fume ! À lʼannée prochaine et merci dʼêtre venus ! 2,6 millions dʼentre eux quʼon nous annonce. Pour une fois que les organisateurs de la manif’ et la préfecture sʼaccordent sur les chiffres, cʼest suffisamment rare pour être salué et applaudi, non ? Je vais  être franc. Jʼaurais volontiers secoué tout le cocotier de cette agitation mercantile, mais quʼen serait-il tombé, honnêtement ? Quand l’aberration atteint ce degré de non-sens,  on ne voit rien, à part une éradication totale de la surface du globe comme alternative la moins radicale… Lʼune des seules régions où le temps de Noël avait su garder une réalité ancrée dans la tradition sʼest vue récupérée à un tel degré dans la dérive consumériste que le vocabulaire me manque pour décrire la situation en termes adéquats. Aussi, il y a le fait que cette soupe mʼa nourri depuis longtemps déjà, alors à quoi bon encore une fois y balancer mon glaviot de fiel, alors que trop dʼentre vous depuis bien longtemps ont cessé dʼy goûter. Profitez-en, restez chez vous. Laissez la rue aux encapuchonnés pourpres à demi lobotomisés.

La lutte est vaine et inégale. On a perdu. On perd toujours face aux marchands, quel que soit leur temple. On avait déjà perdu depuis longtemps . Depuis ce fameux après-midi où Johannes Pflimmer, du haut de sa chaire, avait condamné le marché de la Saint-Nicolas. Ce suppôt de la papauté, pas du tout en odeur de sainteté dans lʼEglise réformée. Que les marchands de lʼépoque l’aient débaptisé, pour le transformer en marché de l’enfant Jésus en profitant au passage pour en étendre la durée, aurait dû nous rendre plus vigilants… C’est de ce jour là qu’on a en quelque sorte perdu la partie… Bientôt la date emblématique de la libération de Strasbourg, seul verrou qui permettait encore au marché de Noël de ne pas commencer plus tôt que le premier dimanche de l’avent pour cause de commémoration, elle aussi sautera sous la pression du lobby de la fête et du pinard réchauffé  joyeusement réunis. La maladie rouge gagnera et gangrènera tout le calendrier pour l’état de Noël permanent. Bruxelles peut bien se les prendre les institutions, tout le monde s’en foutra comme de l’an quarante, puisque dans ce pays on s’en fout autant des victoires que des défaites. Ce sera le bonheur vous dis-je , le nirvana. La vague carmine ! la parousie vermillonne ! Une république autoproclamée des pères Noël totalement légitimée par des promesses électorales qui n’engageront que ceux qui les auront inscrites infantilement sur leur liste de cadeaux. Je sens la déception poindre sur le visage du seul rédacteur en chef chez lequel je jouis d’un crédit anorexique… Pour sûr, il va trouver que la gnaque me manque… Que la trêve s’est emparée de moi, comme  la plus sucrée des confiseries du pire des mauvais coucheurs… J’avoue, je faiblis. J’avais tant de pavés dans la besace et la voilà tout à coup qui me pèse à n’en plus pouvoir penser qu’en mode ramolli… On range les frondes au fond des tiroirs sans regretter toute cette agitation qu’on s’était promis de brasser. Je nous donne jusqu’à janvier. Mais je préviens, y a intérêt à ce que je sois gâté sous le sapin sinon je vais être féroce comme cent cannibales. Allez joyeux Noël les élus et joyeux Noël les électeurs. Arrêtez de caresser la tranche de votre carte électorale en regardant la nuque de votre maire et rangez la bien au chaud au fond de la commode. Mars sera là bien assez tôt!

Et d’ici là, n’oubliez pas, le petit nouveau est arrivé :

COUV_envoi hebdiPrésenté et dédicacé tous les jours au Caveau Sainte-Barbe à Sélestat jusqu’au 29 décembre !

AVANT LA TREVE (de plaisanterie)

Il nous enfle ! Il nous enfle je vous dis ! L’enflure gredine à peine remise de sa berezina référendaire d’avril qui remet le couvert en nous inventant un conte de fées à l’horizon 2030. Un autre conte de fées à gueule de cauchemar. Enflés complets qu’on est je vous dis ! Une fois désenflés, les bras vont nous en tomber non ? Il faut reconnaître qu’ils étaient bien haut levés, façon Hold-up. Pendant que l’un nous braquait, les deux autres nous faisaient les poches. Plus haut les mains, plus haut ! Plus profond les poches ! 2030 ! Il rodomonte grave, l’ex futur duc d’Alsace non ? Quelqu’un quelque part pourrait-il commettre l’acte charitable de conseiller à ce type de consulter une bonne fois ! Se projetter à ce point dans l’avenir alors qu’on affiche un passé pavé de casseroles et un présent sous forme d’incendie dans les cuisines, ça doit être répertorié cliniquement non ? Il doit bien y avoir un précédent ! Un diagnostic posé, une thérapie engagée… Honnêtement je ne vois que la sanction des urnes pour arriver à nous débarasser définitivement de toute cette clique d’incapables qui se sont  surtout avérés être capables de tout ! Mais vite hein, vite le bruit des votes pour éviter le bruit des bottes ! Depuis le temps qu’il piétine, là, à la manière d’un épileptique, à nous bassiner pour entrer dans l’histoire, avoir son nom sur une place, une rue, une école, une impasse. Donnez lui un truc à ronger et qu’on en finisse. Donnez lui plus qu’un nom ; tiens , donnez lui un adjectif, comme autant d’autres à être entrés dans la légende ; les Louis, les Charles, débonnaires, chauves ou téméraires… Philippe le déprimé, c’est tout trouvé ! On s’en croyait débarassé après le blitz du 7 avril. Les pires langues vipérines alimentaient une rumeur de fin de règne et de fond de trou… Que nenni! Trois valiums et deux doses de prozac plus tard le voilà regaillardi qui nous revient avec un nouveau hochet chiffré 2030 !

image_95_accent alsacien161 Sainte Marianne, patronne des bureaux de vote, débarassez-nous de tous ces joueurs de monopoly médiocres – allez tout droit en prison, ne repassez pas par la case départ, ne recevez pas francs vingt mille… – Un homme, une voix, une charge… Un mandat, une écharpe, comme ça pas le temps de l’user. Tu la remises au salon, en trophée. Tu la regardes le soir en rentrant de ton boulot, le vrai, celui qui fait aimer les dimanches rien que parce qu’on doit pas y aller. Alsace 2030 ! Il n’y a pas si longtemps c’était objectif 2010 et avant ça Cap 2000 ! Qui se souvient encore des caps 2000, Horizons 2000 ! Vingt ans pour entrer dans le mur ! C’était hier, mais aujourd’hui on est bien le lendemain d’hier non ? Et avant ça ? Les défis de ci, les challenges de ça… Les anniversaires ou centenaires de ci de ça… L’Alsace dans la tourmente, le beau jardin malgré lui enmaïssé! Bon, c’est novembre. La trêve est là en embuscade. Faut bien se lâcher un peu avant non ?

Après, pendant un mois, jusqu’aux Rois, on sera tous dégoulinant du miel des confiseurs… Gentils, couchés, tous à la niche… La bleue, la rose, la verte ou l’orange et même la brune, peu importe… Les neurones bârewäckisés avant que les grands barnums ne recommencent. Celui de mars en hors-d’oeuvre avant ceux des cantonales et des régionales, sans oublier la petite douceur européenne… Quel grand courant d’air pourrait bien souffler sur toutes ces assemblées et ruiner définitivement ces marchands de poussière pathétiques ?

Alsace 2030 au secours, au secours ! Se pourrait -il qu’il y ait quelqu’un, quelque part,  avec le courage et la lucidité de son temps pour aller lui dire ; son agenda, là, de se le plier en quatre, se le tailler en pointe et se le carrer dans le cul ? Comment ça personne ? Chirac avait donc raison : la greffe de couilles ne prendra jamais dans ce pays car on ne trouvera jamais de donneurs ! Pitié ! En 2030 on sera à vingt ans du milieu du siècle. Le moment idéal pour vous balancer un imaginaire 2050 avant d’embrayer sur le vingt deuxième siècle ! Allez prenez de la hauteur ! Payez-vous un coach de vie à trois balles qui va vous jonathanlivingstoniser la vie… Imaginez vous maintenant, ici, avec une vie fatalement heureuse sans cette armada de VRP multicumulards conseillés par des hordes d’experts frisant l’anorexie mentale et culturelle qui ont transformé les environnements  professionnels en caricatures de séries américaines ! Dégageons-les, maintenant ! Dégageons les tous . Ce sera vingt ans de gagnés ! Explosés en plein vol, l’écharpe flottant à la dérive. Retour à la case nuage les cumulo minus ! Et sans indemnité de départ hein. No parachute ! Tout droit à la prison de l’oubli sans passage par la case départ et les euros vingt mille ou deux cent mille… En 2030, j’espère bien être encore là. J’aurai plus de cheveux et plus de dents, déjà que la moitié me manque… Mais je serai toujours insupportable, comme le vieux de Brel, avec toute ma tête et mes yeux ! Achtung ! C’est pas parce que je suis proche du minimum vieillesse que je vais me laisser racketter par les opticiens du quartier. La littérature m’a préservée l’accuité visuelle de mes vingt ans… On devient presbytes à force de lire une presse casse-couilles! Sans compter ces écrans, tous ces écrans comme autant de remugles abandonnés sur la table désertée, livrée aux pauvres… »Eh ben , pour un numéro cinquante vous n’êtes pas gentil! » Attendez de voir le centième ! Si vous voulez le petit conseil régional dans la prairie avec articles fioriturisés de circonstance sur les gros inutiles qui nous entrainent dans le mur avec un entêtement qui vire au quasi biologique, lisez le quotidien localv! Il est plein d’éloges sur les malveillants que l’on a laissé s’installer dans la place et pourrir la vie à tout le monde à coups de plans de carrière : mairie, département, com com, région, ministère… Enculaids : avec un accent aigu ou un accent grave? Avec un accent alsacien monsieur ! 2014, 2015, 2016, pas la peine d’attendre 2030 ; débarquez les équipages maintenant, tous les équipages ! Les cannonniers, les quarts maîtres, les soutiers, les lieutenants et les enseignes ; de la cale à la vigie ! Remplacez-moi toute cette marine de pacotille et d’opérette par du spectacle authentique, du vrai. Mettez un chauffeur de bus aux transports, une caissière de supermarché à la consommation, et un concierge à l’habitat ! Pour la direction des cabinets organisez un turn over de dames pipi : question nettoyage, elles s’y connaissent!

Donnez à tous ces gens un mandat avec emploi protégé à la sortie et vous verrez si ça ne va pas bosser là dedans, sans aller se promener à Shanghaï ou à Moscou ! Mais par pitié, ne donnez rien à un prof de sciences naturelles (l’ancêtre des SVT, bande d’incultes), la dernière fois que vous l’avez fait regardez l’état dans lequel il a laissé la salle de clase et l’école ; un vrai désert! Que des fantômes errant parmi les fantômes… Après le fantôme de l’Opéra, celui du conseil régiona l; Erik et Philippe même combat! Mais si un fantôme peut aimer l’opéra comment pourrait-il aimer un conseil regional ou même départemental ? Pas un balai de chiotte vaillant à l’horizon pour le disputer en utilité à un trombonne ou à une aggrafeuse… Paraît qu’on peut voir les marques des doigts qui ont creusé les pupitres tellement chaque conseiller s’accroche à sa place ! La tempête arrive que je vous dis. Pas la petite brise marine épouvantail récurent, merde agitée à très agitée, qu’on brandit grossièrement aux bobos du téeffun de vingt heures… Non le bon coup de balai salvateur. La bonne ruade de mulle rancunière qui attendait que le salopard de muletier passe à bonne distance ! Un truc à tout emporter, choucroute, bateaux, coiffes et costumes, rubans, casseroles et broderies, sans compter les nanards  de la subventionite illimitée ; les racings, les bioscopes, les rallyes de France et autres laliques… Tout dégagé, le paysage ! Plus plat que que le plat pays, le beau jardin ! De Wissembourg à Wesserling d’un seul tenant ! Plus net que la dernière optique Leitz à deux cents millions de pixels… Le genre de gadget à pouvoir faire sa mise au point automatique sur un téton de femen manifestant sur la place rouge depuis une station orbitale sous contrôle de la NSA… La beauté d’un pays enfin débarassé de tous ses objets politiques encombrants… Une plaine décongestionnée, beau comme la dernière phrase d’un roman de Chandler…

Il fera beau et on y verra très loin, mais pas jusqu’où Philippe sera allé. Un pays s’effondre quand il confond ses architectes et ses démolisseurs. Car normalement, si les premiers on fait correctement leur boulot, on a jamais besoin des seconds. C’est la trêve non ?

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Décroître pour grandir

 

Ce qu’il y a d’intéressant dans le sport, c’est la proximité inattendue qu’il peut se révéler entretenir avec l’économie et la politique sous certains aspects. C’est à se demander si les rédacteurs en chefs de la presse nationale  ne gagneraient pas à virer tous leurs analystes économiques et autres chroniqueurs politiques, aussi utiles dans la tourmente qu’un ballet de chiottes à l’approche de l’ouragan, pour les remplacer par des journalistes sportifs dont la prose a au moins le mérite d’être sous bien des aspects singulièrement plus lisible. Tout le monde lirait le journal « L’équipe » qui, non content d’être le plus gros tirage de la presse quotidienne nationale, est loin d’être le plus mal écrit. En effet, quand on y regarde d’un peu plus près, toute cette agitation de rentrée politique autour d’indices, de performances de records se mélange avec le pire de ce qui fait l’actualité des sportifs ramasse breloques de l’été. Une médaille de bronze par ci, un misérable demi point de croissance par là, c’est même panier de crabes dans le même bassin de la langue de bois officiellement consacrée spécialité olympique du peuple français, non ? Avec des éléments de langages similaires pour célébrer la  contre performance d’un indice de croissance ou la faillitte d’un nageur au pied du podium… On change un adjectif par ci, une virgule par là et le tour est joué. Quelle leçon espérer tirer de toute cette foutraille exhibitionniste cocorisante sur un parvis de Matignon et une salle de conférence d’après championnats du monde ? Qu’il serait souhaitable au plus vite d’en finir avec cette caricature de monde dont le seul credo est de gagner et croître à tous prix. Citius altius, fortius ? Sacrément crétinius… Car on vient de heurter le mur plus vite, plus haut et plus fort, et le spectacle d’un président de la république se réjouissant d’un indice de croissance supérieur d’un ridicule demi point de croissance à ses prévisions a quelque chose de cruellement pathétique. On croirait une de ces bonnes blagues sur les bonnes et les mauvaises nouvelles… La mauvaise nouvelle : on a du vous amputer des deux pieds. La bonne : votre voisin rachète votre paire de chaussures !

La décroissance est là, il va falloir vous y faire, vous faire au mot, vous familiariser avec son entourage, sa puissance d’évocation, sa fatalité. La limite des limites est arrivée et les cerveaux maniaques de tous les apôtres de l’apologie du marché ne vont plus longtemps faire illusion. Attendez-vous à voir fleurir le mot bientôt un peu partout, dans la bouche des salopards qui depuis bien longtemps salopent tout à l’entour et vont venir vous expliquer combien c’est bon de nettoyer ensemble.

image_93_decroitre159On ne va pas pouvoir dépasser la limite que l’on vient d’atteindre. C’est pourquoi hommes politiques comme sportifs, il faut les laisser tranquilles contempler le désastre joyeux dans lequel ils sont installés. Lachez-les ! Laissez-les se doper, bouffer toute la chimie possible, greffer toute la bio-technologie imaginable, c’est même plus une question d’années ni de mois, ni même de semaines. Il ne vous reste plus que quelques jours et quelques heures allez-y, à fond ! Roulez plus vite, frappez plus fort, baisez plus longtemps ! Puis sereinement vivez cette expérience unique du corps qui soudain, là enfin, demande son dû et vous laisse  allongé comme un con au milieu des autres allongés en attendant l’ambulance qui ne viendra pas car elle est appelée en trop d’endroits à la fois. C’est toujours trop tard que l’on se demande si tout cela peut bien avoir une signification : dixième dans le bassin olympique ou un dixième de point de croissance, un dixième au contre la montre… Alors, tous dopés et tous pourris? Certes non. Tous malheureux, car tous à côté de la plaque. Finalement, quand on y réflechit, c’est assez christique tout cela. « Il faut que je diminue pour qu’il grandisse » Comment ais-je bien pu partir de l’Equipe pour arriver à l’Evangile? Je vais calmement réflechir à tout cela. En attendant un fait est sûr : la décroissance est là, avec son cortége de simplicité et de joie de vivre annoncées. Elle est comme l’éléphant d’Alexandre Vialatte dont je ne louerai jamais assez l’écriture si pertinente et la verve si stimulante : irréfutable.

Et pour ne pas  finir sur une note énervée, deux petits dessins en avant goût du temps de Noël (c’est demain) que je présente à eguisheim samedi et dimanche.DSC_0258
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Vous connaissez le lieu…. J’y vais depuis quelques années… Une émission lui a donné un titre qui on l’espère laissera à ce beau village alsacien son charme ! Et nous on vous  attend donc avec livres, cartes, posters, dessins…. Des infos pratiques sur la page actualités !

Faits divers

Allez un petit pour rester dans le ton de ce qui se radote ces jours ci, et encore je me retiens avec l’héritier Windsor, avec une pensée spéciale pour Bourdieu qu’on ne citera jamais assez avec » le propre du fait divers qui est de faire diversion… »
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Sinon, je serai à la braderie de strasbourg ce samedi, place Broglie en dédicace avec le dernier ouvrage ainsi que posters, cartes, dessins, originaux et le soleil en prime. Que du bonheur quoi. Et le dimanche au Marché des producteurs de la Stueb des Deux Etangs, à côté de chez moi à Heiligenberg.

 

Gros macho et petite Batho

Un chef d’état attend des mois avant de virer son ministre du budget, roi de l’évasion fiscale et fiéffé menteur qui ébranle son gouvernement et fait perdre une élection partielle à sa majorité. Des parlementaires invitent sans problème un ancien cacique de la politique française multirecidiviste en frasques sexuelles et tout le monde se presse pour écouter son cours d’économie réac sans état d’âme. Depuis plus d’un an, un ex candidat à la primaire socialiste devenu ministre du redressement productif jouit d’un ton de parole, ramenant sa fraise à tout bout de champ (de fraises…) dans la plus grande indulgence.
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Mais qu’une ministre femme l’ouvre, alors la réaction ne se fait pas attendre une demie journée. La première, qui venait de se prononcer maladroitement sur un business juteux, on la déplace car le gouvernement n’ayant pas deux mois ça la foutrait mal de la virer… La seconde, hier, s’est juste émue un peu franchement de voir le budget de son ministère sacrément amputé alors que son rôle est primordial. Qu’à un an de distance les deux femmes aient été ministre de l’écologie en dit long sur la considération écologique de ce gouvernement. Aussi peut-on légitimement se demander comment deux ministres d’EELV peuvent-ils encore rester pantoufler dans un gouvernement de vieux réacs machos et mysogines. (ça n’est pas un pléonasme, on peut très bien être une caricature de macho sans aucune mysoginie et réciproquement). Si le parti écologiste veut se préserver quelques maigres chances de crédibilité lors des prochaines consultations électorales, il aurait plutot intérêt à faire son examen de conscience et  rapidement agir sinon, bientôt, même le brun dans ce pays sera plus crédible en matière d’écologie que ce vert ringardisé et balkanisé à outrance que l’on a juste appâté pour pouvoir gouverner tranquillement en fredonnant la vie en rose.

Deux textes de lois primordiaux pourraient avoir une incidence considérable sur la vie de cette nation si, dès à présent, un consensus sur la volonté de les voir aboutir pouvait se mettre en place. Il s’agit, d’une part, de la loi sur la limitaion des mandats et des fonctions d’élus dans le nombre et la durée. Et, d’autre part, de la loi sur la parité. Il y a de fortes chances qu’elles ne voient le jour que tardivement, lourdement amendées et gravement dénaturées. Aussi n’aurez-vous jamais la chance de voir un Montebourg, un Peillon ou leur clone prendre un congé de paternité ou quitter leur bureau pour aller chercher leur enfant à la crèche, sous le regard désapprobateur de leurs collègues de travail. Il y a trente ans, un futur père de famille quittant son poste de cadre pour élever son enfant sans contrepartie financière passait pour un hérétique furieux. Je peux en témoigner. Rien n’a changer et rien n’aura changé dans trente ans. Nos vieux machos cumulards de députés maires-conseillers-directeurs de superstructures-présidents de com com et cachetonneurs de conseils d’administration à vie n’ont rien à craindre. Ils ont encore de belles années devant eux avec dispenses de vaisselle et de ménage assurées. Ce n’est plus une république, c’est une bananeraie. Une immense plantation de bananes, propriété en fait des états-unis puisqu’ils viennent, au mépris du droit international le plus élémentaire, d’en faire interdire le survol à l’avion d’un chef d’état sud américain, sous prétexte de l’hypothétique présence à son bord d’un transfuge menaçant la sécurité intérieure de leur pays.

Allez, il n’y a pas qu’Edith Piaf dans la vie on va se mettre un petit Trenet:

« pauvre Franceuuu, cher pays de mon enfanceuuuu ».

Vieux réacs et cyber-putes

image_87_philosophie foutoir146Deux informations brèves à un mois d’intervalle viennent  confirmer nos craintes les plus vives quand à l’avenir de la race humaine que l’on avait pourtant de bonnes raisons, jusqu’à présent, de pouvoir différencier de la bovine ou de la canine(voire de la chevaline). La pemière était insignifiante, sous forme de petit tronc d’arbre cachant la forêt : il y a un mois une quarantaine environ d’états de l’union nord américaine s’apprétaient à déclarer l’écriture optionnelle à l’école. Puis il y a une quinzaine de jours la forêt a fait son apparition; la veritable info est tombée. Apple a réussi a fourguer sa tablette de merde à tous les élèves du district scolaire de Los Angeles, le second des Etats-Unis après celui de New-York, soit près d’une cinquantaine de campus pour un total de six cent soixante mille élèves, et un marché estimé à une trentaine de millions de dollars. Roulez jeunesse, sortez les fiffres et les tambours !…

Ebloui par cette modernité aux allures de succès économique indéniables, notre ministre de l’éducation, effrayé à la seule perspective de ne pas être dans le coup, s’est payé deux pleines pages dans un quotidien d’audience nationale en compagnie d’un philosophe renommé dont l’autorité cautionne une actuelle  dérive aux conséquences dramatiques pour le futur de notre évolution et le présent de notre enseignement. Il y a un tel consensus de la part de la communauté neuro-biologiste sur les méfaits et les désastres engendrés par la mutiplicité des écrans que plus personne de scientifiquement crédible n’ose porter la contradiction ni même créer le débat de peur de se bousiller la fameuse crédibilité et se ruiner le plan de carrière.

Alors que la France entière est occupée à suivre soporifiquement les différents rebondissements des feuilletons cahuzaciens, lagarderiens, tapiesques et bettencourtins en attendant, sans complexe pruritanophobe, d’aller se gratter le cul plein de sable en se choppant un cancer de la peau, des petits malins oeuvrent sans complexe aucun. Leur but est simple sous des airs de croissance à la mords-moi le noeud : préparer une déferlante technologique qui va définitivement enterrer ce qu’il restait d’humain chez nos enfants et achever le peu d’enseignants encore animés par la foi en leur métier qui, comme aimait à le répéter Louis le quatorzième du nom, « après celui de Roi est le plus beau métier du monde ».

Tout cela se bricole avec l’aval d’élus et de politiciens inexcusables dont le seul souci revendiqué est de ne pas voir les multiples privilèges liés au cumul de leurs mandats, dans le nombre et dans la durée, remis en question par une loi considérée par bon nombre d’entre eux comme scélérate.

Avec malheureusement la caution de vieux réacs de la société civile. Qu’est-ce qu’un vieux réactionnaire? Ce n’est pas un vieux con qui se réfugie dans des formes de passéisme refusant viscéralement la modernité. Non. C’est un vieux con qui joue à être moderne, alors que sa grande intelligence et l’aura dont il jouit devraient l’aider à comprendre que sous des airs de modernité, on est en train de lui maquiller  avec une telle outrance la république qui lui a tant donné qu’elle pourrait passer pour une vieille folle en transe au carnaval de Rio ou un camion volé qu’on va refiler sur le marché asiatique. C’est selon.

En résumé, Michel et Vincent sur le même pédalo, les deux tombent à l’eau, Que reste-t -il ? De nos amours, comme le chantait si joliement Charles, à nous qui avons connu les encriers que l’on remplissait le lundi matin puis les copies que le prof refusait de corriger si elles etaient écrites au stylo bille. Pas grand chose.

Mais ce pas grand chose repose au fond de tiroirs délicatement enrubanné et nos enfants, si un jour ils savent encore lire, seront bluffés par ce qu’on osait alors écrire à leur future mère .

Mais de celles futures de nos enfants d’amours, qu’en restera t il?

Rien. Ils se renconteront futivement après avoir échangé sur des réseaux qui n’auront plus rien de social et hyper fliqués par de megas serveurs. La poésie sera totalement oubliée, jusqu’à ce qu’un illuminé repense à comparer une femme à une rose et soit jugé pour perversion dans un futur où tout le monde, pour raison d’hygiène, aura obligation d’aller aux cyber-putes qui seront programmées pour afficher le genre pour lequel on paiera.

Je parierai bien le tout nouveau modèle de liseuse de chez la pomme contre mon édition originale des oeuvres complètes d’Alexandre Dumas que sous peu, on verra un couple de parents crétins déclarer leur gosse à l’état civil sous le pré nom d’Ipad… On parie?

Demain : Gros macho et petite Batho

Lalique ta mère

Au début du mois de mai s’est tenue la trentième édition du salon du livre de Saint-Louis dans le Haut-Rhin. Superbe brochette d’invités. Plateau riche et diversifié d’auteurs et d’illustrateurs tant régionaux que nationaux. Affluence record, gros succès populaire, médiatique et politique. Que du bonheur sur trois jours de fin de semaine. Le vendredi soir, un cocktail était organisé à la médiathèque attenante pour célébrer la remise d’un prix littéraire dont on voudra bien me pardonner d’avoir oublié l’intitulé exact. Avisant un carton d’invitation négligemment abandonné par un invité, quelle n’est pas ma surprise d’y voir mentionné le nom du président du Conseil général d’Alsace. La manifestation tire à sa fin et, comme tout bon auteur pique-assiette qui se respecte, je suis arrivé en retard. Aussi me faut-il, avant de me réjouir faussement, m’enquérir de cette info essentielle : Philippe Richert aurait-il été présent ? Sans grande surprise la réponse est bien sûr négative. Focalisons-nous plus précisément sur la situation. Vous êtes le premier personnage politique d’une région et membre du jury d’un prix littéraire qui sera remis lors d’une manifestation à laquelle la stature même de votre personne vous confère l’obligation d’assister. C’est vendredi soir, et vous n’êtes pas foutu d’être là. Soyons un peu plus précis, ou spécifique comme disent nos amis outre atlantique. Il y a moins d’un mois, une consultation électorale qui devait assurer votre triomphe, voire votre sacre politique, s’est transformé en berezina et seul votre ego surdimensionné,  associé à une cécité foudroyante, arrive à vous maintenir en place. Pour un être normalement constitué la manifestation littéraire ludovicienne était l’occasion idéale, après le camouflet haut-rhinois, de venir s’expliquer, trouver une dimension humaine, enterrer la hache de discorde, fumer le calumet électronique de la paix. Faire un geste quoi. Non ! C’eut été trop demander. Quelle tristesse. Quel pathos! Les deux seules fois (car c’était la première et la dernière) où nous avons pu bénéficier de la visite lumineuse de Philippe Richert à la foire du livre de Saint-Louis, c’était lors de l’édition précédent les élections régionales qui allaient consacrer le succès de sa liste et le placer à la tête du Conseil régional d’Alsace. Il y présentait un ouvrage aux accents autobiographiques sous forme de profession de foi. Il y dédicaçait chichement sa prose à quelques léche-culs de service en compagnie de son ami politique Troesstler, auteur chez le même éditeur, qui peu de temps avant via le Conseil régional, venait d’accorder une subvention de quinze mille euros (quand la moyenne se situe entre mille et trois mille) à leur éditeur commun pour la réédition d’un ouvrage augmentée d’un corpus iconographique. Vous avez bien lu ; quinze mille et réédition, et votre cerveau malade et parano n’a pas osé imaginer un seul instant une collusion de type quelconque entre amis auteurs politiques et éditeur. Ajoutons pour la bonne humeur que l’ouvrage en question n’a pas été imprimé en Alsace (amis de la filière imprimerie alsacienne qu bord de l’asphyxie bonjour !) et que son lieu d’impression, au mépris des règles les plus élémentaires de l’édition, n’est pas indiqué… (je peux me tromper et avoir mal regardé, mais dans ce cas là je ferai amende honorable…) Le président élu récidivera peu de temps après en accordant une subvention à un ouvrage imprimé cette fois…en Chine! Allant même jusqu’à s’émerveiller du savoir-faire des imprimeurs d’extrême orient en conférence de presse, sans sourciller et sans provoquer le moindre émoi chez les thuriféraires du landernau médiatique local, tous une main sur la couture du pantalon et l’autre sur le bloc-notes. Un vrai titreur, si ce métier existait encore, dans la presse ailleurs qu’à Libération aurait osé « Richert soutient la filière  Alsiatique ! ». Mais j’invective à outrance, et on me soupçonne d’une mauvaise foi digne du premier défroqué venu. Philippe Richert aime les livres. J’en veux pour preuve les mille exemplaires de la biographie d’Adrien Zeller qu’il a achetés et qu’il a adressé à chaque maire des deux départements alsaciens. A-t-il dédicacé chaque ouvrage ? C’est l’éditeur qui doit être content. Ira-t-il jusqu’à publier le prochain chef-d’oeuvre de Richert ? On surveille. Le président fait grand cas des lettres vous l’avez donc compris.  Mais il faut reconnaitre que ses priorités sont ailleurs. Il préfère aller soutenir la pitoyable aventure d’un club de foot en terre lorraine, reconduire des subventions  exhorbitantes à un ex-enfant du pays éxilé fiscal en Suisse et caricature de mâle pollueur ambulant de l’oxymore « sport mécanique ».

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Mais surtout, il préfère aller s’abîmer dans la contemplation du gouffre financier qu’est devenu son musée de Wingen-sur-Moder. Le site d’information Rue 89 à Strasbourg s’est fendu à ce sujet d’un article qui vaut le déplacement. Les chiffres s’alignent, les bilans s’enflamment, les glottes se rétractent, le rythme cardio-vasculaire du contribuable s’affole. C’est incroyable la facilité déconcertante avec laquelle on peut dépenser le fric quand il ne vient pas de son porte monnaie… Seule la poésie pourrait traduire ce sentiment. Mais ses amis politiques du Conseil Général dans un élan de lucidité, comme vous pourrez le lire en détail, viennent de le rappeler à l’ordre. Qu’à cela ne tienne, il a mis un point d’honneur à présider l’inauguration de la nouvelle expo. J’en ai lu le compte rendu dans le tract néo libéral local. Que du beau, des Hi , des oh, des ah, des uh, on aurait cru les voyelles de Rimbaud déclamées par un pensionnaire de la comédie française. Aucun mot bien sûr sur les infos du site strasbourgeois, comme quoi  cette presse est bien celle-là même que le grand Karl Krauss dénonçait déjà en des heures sombres « faite par des individus qui sont là parce qu’ils ont échoué dans tous les autres métiers… »

Mais Wingen-sur-Moder est si loin de Saint-Louis. Laquelle Saint-Louis n’est pas si loin du Lot et Garonne quand on y pense non ? Ah zut, j’avais donné ma parole qu’on n’aborderait pas ce sujet… La honte sur moi, mes excuses les plus sincères et passez un bel automne parce que l’été, n’est ce pas, vous m’avez compris…

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