VENEZ VOUS FAIRE METTRE COMME VOUS ÊTES

C’était la rentrée , les rois du monde en ont profité pour nous inonder de publicités plus crétines les unes que les autres. Dans cette compétition de niveau au moins aussi relevé que le caniveau, la filiale française de la multinationale de la malbouffe remporte haut la main la palme du cynisme et de la bêtise réunis. On a pu lire en pleines pages de la presse quotidienne régionale le slogan (1) qui fait depuis quelques années l’essentiel de l’axe de communication de la maison , à savoir une invitation à venir  tel que l’on est (comme si nous étions une nation de schizophrènes à ne jamais être ceux que l’on est) tout simplement mal manger . Mais cette fois ci, pas d’illustrations drôles déclinées avec l’accord de franchises hollywoodiennes. Non. Juste l’accroche dans  une typographie imitant l’écriture manuscrite avec au moins une faute d’orthographe par mot.  Que Mc donald’s se moque de notre santé on le savait depuis des lustres mais une campagne publicitaire aussi stupide non seulement ridiculise l’orthographe mais moque jusqu’à la caricature la faillite dans la maîtrise d’un acquis fondamental. Le triste aveu qu’échec scolaire rime bien avec alimentation déplorable.

Que cela s’étale en pleine page de la PQR, il n’y a là rien de bien surprenant de la part d’une presse qui ressemble de plus en plus à un gigantesque tract néo libéral et dont les rédacteurs sont régulièrement pris en flagrant délit de confondre infinitif et participe passé.

Vous verrez que bientôt les petits génies de la rue de Grenelle auront la lumineuse idée de  proposer un partenariat public privé au géant américain  pour la gestion de l’ensemble des cantines scolaires. Wi fi aidant , les petites têtes blondes (brunes et rousses) pourront continuer à s’y cramer les neurones  le temps du repas sur des tablettes flambant neuf largement subventionnées grâce au mécénat d’entreprise des amis du locataire de l’Elysée et aux économies réalisées avec la suppression des emplois aidés et la diminution de l’APL.
Heureux parents qui pourront suivre en temps réel et à distance l’état de délabrement précoce de l’appareil digestif de leurs tétards à l’aide d’une application merveilleuse qui , directement connectée au réfrigérateur familial grâce au compteur linky, pourra calculer le déjeuner idéalement complémentaire de la saloperie surgelée prévue pour le plateau dîner télé du soir. Ajoutez au paysage de ce désastre gratuit et laïc annoncé les futurs onze vaccins  obligatoire programmés et c’est la zombie parade garantie à toutes les récrés. Macdo ne fait pas que ruiner la santé de nos enfants , il insulte nos intelligences . Bien plus qu’un délit de santé publique, c’est un crime contre l’esprit. Le seul ,si j’en crois le peu qui me reste de ma culture du Livre, qui ne sera jamais pardonné. Reiser finira par avoir raison : on est en train de passer à côté du bonheur,….
hé Merde ! (le M est le M de Mc do)
(1) Il est utile de préciser ici  que grâce à Maurizio PALLANTE  dans le numéro d’Avril 2017 de “la décroissance” on sait que “le mot “slogan” vient de la synthèse de deux mots gaéliques qui signifient “cri de bataille”. il est entré dans le vocabulaire des pays occidentaux au début du dernier siècle comme forme de langage typique de la publicité, c’est à dire d’un langage non fondé sur le dialogue entre des interlocuteurs égaux, mais imposé de manière unilatérale par un émetteur qui veut conditionner les comportements de ceux qui reçoivent ce message , afin qu’ils agissent sur la base de leurs exigences.”
merde

Le désert des pingouins

Le vingt trois avril près d’un quart des électeurs français fêtaient la victoire d’un premier de la classe opportuniste quand un petit cinquième d’entre eux avalaient les larmes amères de la défaite annoncée de leur champion, plus victime de la gestion calamiteuse des affaires le concernant que d’un programme mal ficelé validé par la majorité de son parti. Coup de théâtre ? Mauvaise comédie voulez-vous dire ! Scénario ridicule, mise en scène éculée, acteurs médiocres, couverture médiatique hystérique. Public ringard. Remboursez ! Sans la fatalité liée au calendrier électoral nous aurions dû fêter comme chaque année la naissance de deux des plus grands génies de l’histoire : Cervantes et Shakespeare.  Auteurs de chefs-d’oeuvre de l’utopie mais aussi du drame sombre et glauque de la vie dans tous ses états. Des héros tous plus fous et meurtriers les uns que les autres. Encore plus démesuré que les Atrides . Bien plus moderne en tous cas. Je dois à un oncle avisé qui m’avait offert enfant  une version romancée des pièces de Shakespeare la première pétoche de ma vie littéraire à la lecture de Macbeth. A quoi ça tient la vie d’un lecteur…

Rien de comparable avec les caricatures de Shylock affublés de costards hors de prix et de toquantes de luxe affrontant un Richard de pacotille et une Desdémone de fête foraine. Sans compter tous les Iago de carnaval pointant leur rond de serviette dans l’organigramme de chaque camp. Au moins lors de la dernière échéance on avait eu droit au récit glauque et pathétique du prétendant en queutard invétéré. Le rut outratlanticard  de deux mille onze en devient presque plus lamentablement sympathique que l’agité du pognon que l’on a suivi en direct depuis deux mois. Question d’époque. Le  nouveau favori des sondages dont on nous vante à la moindre occasion la grande culture littéraire saura apprécier à sa juste mesure quel méta récit est à même de passionner ses futurs électeurs. Vraiment, quelle mauvaise littérature que celle que l’on nous sert depuis que cette campagne est lancée ! Chefs-d’oeuvre d’impostures ! Le sept mai prochain Emmanuel Macron a toutes les chances de briser le tristement célèbre record détenu par Louis Napoléon Bonaparte de plus jeune président de la république française jamais élu, tous suffrages confondus. Ce sera également le premier homme politique de tout premier plan a ne pas être né sous le gaullisme, à n’avoir pas connu Georges Pompidou, cet autre fin lettré ancien de la banque Rothschild qui citait Eluard comme pas deux à une époque pas si lointaine où une professeure de lettres amoureuse de son élève pouvait mourir d’aimer. Macron est né sous Giscard, cet autre brillant premier de la classe passé par les finances et forçant son destin en nous expliquant la nécessité de sortir du moyen âge et d’entrer dans la modernité.  On a vu où ça nous a menés. Macron c’est Giscard 2.0 qui se serait égaré dans une chanson de Boris Vian. Une majorité d’électeurs inconscients sont là à lui demander de leur faire mal et il va leur en mettre, il va nous en mettre, plein la gueule . Il sera bien tard pour répondre comme Magali Noël “Oh la vache.”
Ne riez pas, avec  l’image de la stature du Général c’est  par la même occasion tout l’héritage du CNR qui va voler en éclats.  Quel miracle attendez-vous d’un type qui pointait déjà sa stature de favori à la commission pour le retour de la croissance de cet autre premier de la classe de Jacques Attali ? D’un type qui aurait filé à un copain, le jour de son arrivée à Bercy les clefs d’un bouclard que Montebourg lui refusait avec raisons… François Ruffin n’a pas tort  quand, lors de la venu du cador d’En marche à l’usine d’Amiens, il décrit Macron en pingouin qui découvre qu’il y a du sable dans le désert. Macron c’est Giscard en pingouin. Mais il n’est pas seul dans le désert , avec lui il y a une pingouine (la femelle du pingouin, pas de second degré s’il vous plait). Elle a quitté sa banquise où elle essayait vainement de vendre de la glace aux eskimos . Maintenant que pourrait-elle bien vendre aux cactus ?
Réponse le sept mai à vingt heures.
laviekon57

C’est la rentrée !

Allez, c’est reparti pour un tour… Après une grande parenthèse, la publication de dessins et éventuellement de textes reprend mais on ne vous préviendra que pour signaler les événements tels les expositions ou les dédicaces. La gestion au quotidien est trop chronophage et envahissante. De plus, un grand nombre de correspondants ont leur messagerie qui sature sous les propositions. Aussi semble-t-il préférable de juste se fier à la curiosité d’aller, quand le correspondant le souhaite, visiter le blog qu’il désire. Les dessins restent libre de téléchargement et de reproduction, horsmis une utilisation commerciale, tout en espérant que l’utilisateur ait la correction de me créditer et de m’informer.

Merci de votre compréhension et de votre fidélité.

2017 (2)

Le réveil de la farce

Aux temps reculés du moyen-âge, le rôle du théâtre était essentiellement à la représentation et à la mise en scène du religieux et du sacré. Drames, mystères,  passions pascales, jeux de la nativité, de paradis et des rois fournissaient l’essentiel du répertoire que les comédiens jouaient en public. Les représentations pouvaient durer des jours entiers. C’est long même dans une perspective temporelle d’il y a mille ans. Surtout quand les ressorts dramatiques connus de tous ne réservent plus aucune surprise. Aussi les troupes eurent-elles recours pour conserver l’attention de leur public à un petit stratagème des plus subtils. Ca et là au cours de la représentation qui s’éternisait on intercalait de petites saynètes décalées dans un registre des plus  profanes allant de la satire à la grivoiserie. On puisa dans le vocabulaire culinaire pour désigner ces délicieux

interludes qui remplissaient une pièce de théâtre comme une “farce” pouvait le faire pour une viande ou une volaille. Le mot d’une richesse évocatrice certaine s’imposa avec le succès que l’on sait même si, sans être tombé en complète désuétude, il sonne un brin surrané.

C’est pourtant le terme approprié pour qualifier ces deux intermèdes de petit guignol qui en plein temps de l’avent sont venus rythmer le drame politique qui se jouait en direct sur la scène de ce pays à la laicité si lamentablement revendiquée en plein temps de Noël. Les deux farces de la COP21 et des élections régionales n’auront pas démérité dans le registre comique troupier au pathos ficelé gros comme une corde de pendu. Le réveil de la farce des régionales aura au moins eu le mérite d’attirer plus de spectateurs en deux dimanches dans les urnes que le septième opus tant attendu de la fameuse saga passée sous pavillon de la souris aux grandes oreilles. Mais fi de spectacle. Les représentations sont terminées. Nous voici en janvier, ses frimas enfin au rendez-vous, ses chiens qui aboient mollement au loin, ses chats qui ronronnent et ses souris qui dans les caves de certaines mairies du Nord ont bien de quoi chicoter joyeusement en se gavant de bulletins socialistes lâchement abandonnés entre deux tours.

La trêve est finie. Calez bien vos imaginations au risque d’en rendre indigestes les quelques miettes abandonnées des récentes galettes. Rentrez chez vous ! Gardez vos voeux et vos résolutions minables de militants désabusés, de laïcards post depressifs. Deux mille seize n’aura pas lieu. Seul deux mille dix sept compte !

Deux mille dix sept et son calendrier. Son évènement majeur. Cette aberration constitutionnelle, cette gangrène de la vie politique de la nation, ce furoncle sur le cul de la république qui, tous les  cinq ans, voit se jouer un drame qui nous ramène aux temps salement réactionnaires de la féodalité. J’ai fait un rêve comme disait l’autre. Un rêve particulièrement éprouvant. C’était le lendemain de ce drame terrible de novembre. J’ai révé qu’un chef d’état faisait admettre à un congrès réuni la necessité de privilégier le temps long de la réflexion et de l’intelligence au temps court de l’émotion sans pour autant négliger ce dernier. J’ai rêvé d’un chef revendiquant justement l’intelligence comme seule bataille à mener.

Soudain il devenait possible de faire du pédagogique à l’échelle d’une nation et de repousser cette élection mal bricolée en surmontant les incompréhensions et en anesthésiant les fausses peurs et les délires de tous bords, surtout les extrêmes et de toutes couleurs. Puis l’euphorie du rêve a tourné au cauchemar quand une bande de farceurs tous labellisés énarques ont compris qu’ils pouvaient perdre cette élection mais gagner la prochaine, la grande, l’indispensable, celle qui verrait leur chef en bonne position de garder son fauteuil d’homme providentiel. Le plus  éprouvant était, au réveil, de réaliser que cette farce était bien réelle.

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