Prévert avait tout vu…

Passée la fierté de pondre un titre si riche dans l’allitération qu’il s’en suffirait d’un peu pour qu’il n’ait rien à envier (ou presque ) au “Frais parfum des touffes d’asphodèles” (le premier qui demande qui est Asphodèle reçoit une baffe et me copie cent fois Booz endormi – voilà ce que c’est quand toute une génération oublie d’apprendre de la vraie poésie et se repait des aventures érotico maniaco depressives des journalistes végétariennes en compagnie de porcus singularis) il me faut bien m’en expliquer.
Je fais bien entendu référence au fameux poème de langue française sur la succession papale, que des générations d’élèves en école primaire ont scandé à voix haute, marquant par là, dès le cour préparatoire pour ma génération mais juste avant le passage en sixième aux dernières évaluation du niveau des collèges, leur entrée fracassante  dans cette spécifité de la langue française qu’est le jeu de mots. Particularisme national que nous envie l’univers entier et qui nous prive depuis trop longtemps de la plus haute marche du podium pour peu que cette spécialité soit, un jour, enfin, reconnue comme discipline olympique.
Au delà du fait que le leader spirituel des chrétiens n’est pas décédé, l’immense Jacques Prévert reste donc d’actualité quant à l’homme qui bientôt sera apellé à … occuper (je vous ai eu là) le trône de Pierre.


Il nous faut juste espérer que le prochain guide spirituel d’une masse quand même assez appréciable de croyants fasse appel à toutes ses facultés d’interrogation pour les mettre au service de ce monde exterieur qui n’en peut plus d’exclamer ses différences…
On peut rêver. Demain, à un pape francophone qui choisirait de s’apeller Arachnos 1er  et qui ordonnerait la canonisation de Jacques Prévert dans la foulée de son élection… chiche?
Du temps de mon enfance, les sermons des officiants de l’Eglise catholique romaine au sein de laquelle j’ai grandi étaient virulents et habités d’une verve et d’une éloquence qui n’avaient d’égal que celle des copains socialiste bistrot de mon père que je rejoignais pour l’apéro tout de suite après l’office du dimanche matin, occupés qu’ils étaient à refaire le monde autour de leurs chances respectives de ramasser leur part des paris mutuels urbains. J’ai grandi dans une époque ou Saint Martin pouvait être un ancien légionnaire romain devenu évêque de Tours et saint patron de trois mille six cent communes de France, mais aussi un jockey vénéré par des millions d’athées. Ca relativise comme dirait Albert . Aujourd’hui, que la novlangue a tout envahi et tout dénaturé, un simple acronyme comme LCR qui, il n’y a pas si longtemps était celui de la ligue communiste révolutionnaire, suivant le lieu où il est employé, peut signifier liquide céphalo rachidien, langues et cultures régionales ou encore les constructeurs réunis.
L’église de mon enfance est vide et les bistrots en face sont fermés depuis belle lurette…
Il ne me reste que des jeux de mots pourris que mes copains subissent avec compassion … Tout fout le (vati)camp….