Qui craint le grand méchant mou ?

J’aurais pu aussi bien écrire “La philosophie dans le foutoir”.

Pas sûr que Franz Niederland le premier d’entre nous  ne se soit pas senti interpellé par l’un des sujets de l’épreuve de philosophie de l’édition 2013  du baccalauréat :

“Le langage est-il un outil?” On imagine sans mal que cet ancien énarque, donc forcément d’un niveau académiquement relevé, aurait rendu une copie bien pertinente, à la construction élaborée et dont la conclusion logiquement ouverte n’aurait pas manqué de s’interroger sur la nécessaire obligation de bientôt changer de caisse à outils… Comme citation, on aurait pu trouver un peu de rhétorique de feu Mao “il n’y a pas de mauvais outils, il n’y a que des mauvais ouvriers”, sans oublier la métaphore du cousin tibétain bien de circonstance “il n’y a pas de petite porte , il n’y a que de petits frappeurs”… Ah ces asiatiques et leur champ lexical bien répétitif ; quel talent, quelle liberté de ton, quel minimalisme et quel raccourci bourrin dans la logique… Comme disait Marlène chez Audiard ” ils boufferont pas toujours du riz”…

En parlant de raccourci bourrin : dans frappeur il y a peur, aussi la question vient-elle à point me tarauder : à qui Hollande peut-il faire peur ? Pour peu qu’il ait fait peur un jour à qui que ce soit….

Et pourtant.

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Oui et pourtant, après le si médiatisé discours du Bourget aux accents jauressiens surqualifiés par les commentateurs du vide politique français précédent toute élection présidentielle, on était un tantinet en droit d’espérer non ? Allez, pas vraiment la terreur, mais au moins une petite inquiétude chez certains acteurs de la vie politique et économique au comportement un peu cavalier, à la morale un peu élastique, pas vraiment raccord avec les règles en vigueur, on se disait ça y est, il nous refait le coup du père Pasqua (Charles, pas François), il va “terroriser les terroristes!” Ah ? Un an après, l’ennemi déclaré du candidat n’est pas plus terrorisé qu’un pot de yoghourt seul face à une armée de petites cuillères à la cantine scolaire et il faut bien avouer que Marianne s’est perdue dans la nature avec son petit filet à papillons, alors qu’on lui avait prédit qu’elle rattraperait tout lépidoptère frauduleux pour l’épingler en direct sur le mur du journal de vingt heures…

Franchement, qui, dans ce pays, peut croire à un moment donné, que le plus riquiqui des paradis fiscaux soit en mauvaise posture et que les fraudeurs puissent connaître l’horreur de l’insomnie? Quel grand patron ne tombe pas dans l’instant mort de rire en entendant l’actuel ministre de l’économie et des finances parler “d’autorégulation exigeante”, sachant parfaitement que deux années seulement passées à la tête d’une grande entreprise lui garantissent une retraite chapeau, alors que le moindre pékin de base, qu’il peut délocaliser sans sourciller pour le plus grand bonheur de ses actionnaires, va devoir s’en farcir plus de quarante, des années, avant de remiser casquette et boite à outils ; oui , rappelez-vous : langage, outil, philo, le bac , ascenseur social etc etc ….

Pour en finir avec les chapeaux : un coup pour nos concitoyens helvètes qui ont adopté par referendum deux mesures symboliques peu banales. D’abord, une interdiction pure et simple des parachutes dorés, ensuite l’obligation de consulter les  actionnaires sur les différentes rémunérations des dirigeants. Vous avez bien lu ; par referendum. Vous savez, cette consultation citoyenne de base que les incapables en charge de la région Alsace ont réussi à faire foirer. Sans doute une question d’outils adéquats. Mais comme disait Mao….