Le mauvais mot

Il y a cinquante ans jour pour jour, l’ancien banquier de chez Rothschild et agrégé de lettres devenu président à la faveur de la démission du fondateur de la cinquième République, usé par la maladie, rendu difforme par la cortisone, quittait le devant de la scène pour l’envers du décor.il allait laisser la place à un monarque de kermesse, polytechnicien accordéoniste amateur et emboutisseur de camion de laitier au petit matin qui était son ministre de l’économie et qui allait être élu avec le plus mauvais score de la cinquième République.Un demi siècle plus tard, un rapide survol du paysage politique national vient nous conforter dans ce que la lecture de Bourdieu nous avait déjà révélé, à savoir cet entêtement biologique que mettent les élites de tous bords à se reproduire.Voyez. Un autre ancien thuriféraire de la banque Rothschild est aux commandes avec à ses côtés un agrégé de lettres tellement occupé à diriger l’économie de la France qu’il a le temps d’écrire des bouquins à l’érotisme aussi torride qu’une otarie sur la banquise.Donc plus ça change, plus c’est la même chose.Aussi l’instant est-il propice à s’intéresser aux métiers de la finance et de l’économie. En un mot de la banque.Tout le monde le sait grâce à la sagesse populaire que la météo un tantinet  contrariante de ces derniers jours rend encore plus pertinente; un banquier  c’est un type qui vous prête un parapluie et qui vous le reprend quand il pleut.Mais peut-être est-il temps de rappeler quelques précisions sur l’homme et son métier. A l’origine, le métier de banquier, à Gênes ou à Venise, se faisait en public sur un banc. C’est là que l’on venait voir l’homme de finance afin de fixer les modalités et conditions auxquelles vous alliez pouvoir prétendre au statut de débiteur. Si le banquier pour une raison venait à faillir à ses engagement on brisait son banc “Banca rota”, Banqueroute. Voilà le mot.Je tire ces réflexions intéressantes d’un fort pertinent petit ouvrage  collectif paru aux éditions Fakir du pas encore député à l’époque Ruffin dont je ne peux que recommander la lecture fort instructive à chacun. L’ouvrage est certes daté. (*) A  sa parution, en conclusion, les auteurs prévenaient bien que le scénario de la banqueroute n’était pas encore d’actualité mais qu’il importait de s’y préparer avant que cela n’arrive. Fatalement. C’était il y a onze ans. Nous y sommes.C’est pire qu’une faillite qui est là à notre porte car c’est plus qu’une cessation de paiement, c’est un “défaut” de paiement, un état d’insolvabilité que l’on nomme du joli terme  de déconfiture. Car c ‘est bien de ce terme qu’il faut user quand il est devenu évident que depuis trop longtemps on n’a pas tiré les conséquences, au sein d’une nation, de l’état de son activité économique en aggravant sciemment la situation au préjudice des clients, des fournisseurs, des salariés bref des citoyens. C’est vous, c’est moi. Cela porte l’autre joli nom de délit, et ça résulte bien tristement d’un comportement frauduleux ou malhonnête. Que faire ? La joyeuse bande des délictueux et autres ne peut plus comme au bon vieux temps qui va de Philippe le bel à Poincaré piquer le pognon à ceux qui en ont et repartir pour un tour car le marché est là avec sa fameuse main invisible. Impossible au petit Gabriel, qui n’était même pas né, de refaire le coup du 28 mars 83 du père Maurois ; on contrôle les changes, pas plus de mille cinq cent francs en devises  étrangères pour chaque français. Tout le monde passe ses vacances en France… Ah le bon temps d’avant l’Euro. Alors quoi? C’est simple. Ils vont faire ce que font les parents honteux lors d’une fin de mois difficile. ils vont aller piquer dans la tirelire des enfants. Promis juré mon chéri on te les rend le mois prochain. Plus que honteux, lamentable.Les enfants c’est vous c’est moi. Vous le savez bien depuis le temps qu’on nous infantilise à coups de peurs à la con. Immigration, virus, terrorisme, phobie par ci phobie par là dans une ambiance de cour de récréation où on nous incite à nous mettre sur la tronche ou à débiner au moindre pretexte fallacieux.Mais si on prend le temps de grandir un peu on peut très bien envoyer bouler papa et maman ainsi que toute la sainte famille, après tout on a rien du lièvre de pâques ou du père Noël.Planquez les tirelires, et planquez les parapluies!