Richert enfant obstiné

J’aimais ces fêtes de villages marquant la fin du temps scolaire. L’instituteur mettait en scène un petit spectacle, que les élèves jouaient devant les parents lors de la traditionnelle kermesse précédant les départs en vacances d’été. C’était généralement une saynète autour d’une chanson populaire flanquée de l’inévitable charge de morale, du temps où la mission éducatrice, gratuite, laïque et obligatoire de ce pays ambitionnait de faire progresser nos petites têtes républicaines et néanmoins chrétiennes vers un idéal de beau, de vrai et de bien.

Pour m’être prêté à cet exercice lors de mon temps en cours préparatoire, je garde un souvenir très intense de l’une de ces petites chansons que nous avions présenté à la parentée . C’était “sur le pont du nord” . Cette terrible petite ritournelle où une jeune fille désobéissante allait danser et périssait. L’effet moralisateur en était redoutablement efficace. Aussi en ais je gardé, après toutes ces répétitions passées à chanter le “sort des enfants obstinés” qu’il ne fallait pas être de ces enfants-là si on ne voulait pas connaître le même destin tragique. Merci la République. Je parierais fort que l’actuel Président du Conseil Régional d’Alsace n’a jamais eu, quoiqu’appartenant à la même génération, la chance de vivre de telle petite expérience si formatrice. Sinon, après toutes ces années passées à aller danser avec des cavaliers parisiens plus douteux et exécrables les uns que les autres, il ne s’obstinerait pas à aller plastronner comme si de rien n’était en vue des deux danses du grand bal de décembre, où il a bien l’intention de briller. Les deux danses du six et du treize décembre seront le bal de trop pour ces grands enfants qui s’obstinent à nier la réalité d’une Alsace qu’ils ont laissé filer à la dérive. Car il y a de fortes chances que ce soit le grand bal des débutantes bleu marine. Ce n’est ni agréable ni réjouissant. C’est tout simplement pathétique et insupportable. Autant j’aime le bleu dans mes dessins, autant j’abhorre cette tonalité bleu marine virant vers le brun dans le paysage politique de nos provinces. Mes préférences iront au rouge et au blanc. Qui se dit, pour ceux qui auraient un train culturel de retard ” rot un’ wiss” en alsacien qui est, faut-il le rappeller à ceux qui n’ont carrément jamais pris le train, la langue originelle de cette entité historique et géographique qu’est l’Alsace.

J’irai donc danser en “rot un’ wiss“. Au moins une fois. La première danse. Car je connais la chanson.

Philippe Richert pourra bien  ressortir ses beaux souliers de ministre et son beau chapeau agrandi entre temps pour cause d’enflure du melon, il n’échappera pas à la malédiction d’Adèle où l’on voit, à la deuxième danse, le pont s’écrouler.

Je ne suis pas spécialiste en parémiologie, j’aime juste collecter les divers proverbes ça et là, issus de la mémoire des différentes sagesses populaires.

On va pouvoir en créer un pour l’occasion : “quand tu passes la nuit à danser avec le diable et qu’au réveil tu as plus mal au cul qu’aux pieds, c’est tout simplement qu’il t’a baisé. ” C’est bien connu, le diable qui n’a aucune orientation sexuelle est exclusivement sodomite.

Au matin du quatorze décembre, jour de la fête de la sainte patronne de l’Alsace, il sera bien trop tard pour se plaindre d’avoir mal au derrière. Les cloches d’Alsace sonneront pour la famille atterrée que Philippe/Adèle est politiquement mort et enterré, et toute la clique des larbins découvrira, bien tard, “le sort des enfants obstinés“.

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